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taire, que tous les citoyens jouissent de moyens égaux de développement et d’action…

On insiste : les races humaines ne sont point de valeur ou qualité égale ; il en est dont la meilleure éducation ne servira jamais qu’à montrer l’infériorité, tranchons le mot, la déchéance.

Je ne sais. Le catholicisme fait pourtant grand bruit de l’unité originelle de notre espèce, racontée dans la Bible. Mais admettons qu’il en soit ainsi qu’on le prétend ; que les races de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Océanie, ne puissent soutenir la comparaison avec la caucasienne. Alors il en sera de ces races mal nées ou abâtardies comme il en est, dans notre société civilisée, des créatures souffreteuses, chétives, contrefaites, objets de la charité des familles, et qui cessent de contribuer à la population : elles seront absorbées et finiront par s’éteindre. La justice ou la mort ! telle est la loi de la Révolution.

XXVI

Cette théorie, si nette, si rationnelle, si bien fondée en fait et en droit, de l’égalité sociale ; qui affranchit l’homme du fatalisme économique, de la tyrannie aristocratique et de l’absorption communautaire ; sur laquelle nous avons vu la Révolution se prononcer d’une manière si explicite ; cette théorie, dis-je, n’a pas encore pu se faire comprendre, même des socialistes, même des républicains. Tant l’esprit humain a de peine à revenir à la nature, une fois que le despotisme et la théologie l’en ont écarté.

On connaît la formule religieuse, pour ne pas dire monacale, des communistes :

À chacun suivant ses besoins ; de chacun suivant ses moyens.

C’est la loi de famille appliquée à la société. Là, en effet, il n’est pas question d’égalité ou de non-égalité de