Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Or si tel est votre but secret, et vous ne pouvez en alléguer un autre, je vous poserai une nouvelle question : Est-il permis, pour atteindre un but même honnête, d’employer un moyen qui évidemment ne l’est pas, tel que le monopole ? Car enfin, vous aurez beau dire que la discipline de l’Église est au-dessus des définitions économiques, le monopole, c’est le droit de la force, condamné par l’Évangile.

Outre la vente des Catéchismes, Heures, Anges conducteurs, Pensez-y-bien, Missels, Graduels, Antiphonaires, Bréviaires, etc., le clergé s’empare encore de celle des croix, médailles, images, chapelets, scapulaires, chasubles, et de toute espèce de mobilier et ornements d’Église. Il tient des foires aux missions, jubilés, neuvaines et retraites. Les Parisiens ont pu admirer, en janvier 1853, lors de la réouverture de Sainte-Geneviève, ci-devant le Panthéon, une exhibition de ce genre. Ce n’était pas aussi beau que l’exposition universelle, à coup sûr, mais on y arrivera. Plus de soixante barraques offraient aux amateurs les produits de l’industrie ecclésiastique. Sous ces voûtes élevées par Soufflot, naguère consacrées au culte humanitaire, avait lieu l’exhortation, ce que le peuple appelle le boniment. Une grande châsse en carton doré, nous l’aurons un jour en or massif, et qui semblait une étrenne à la Sainte, attirait surtout les regards des assistants….

Que l’Église trafique, malgré ses canons, et fasse des bénéfices, je le comprends si elle est une maison de commerce, si elle ne fait autre chose, selon les règles de l’économie politique, que recueillir de ses produits et services ce que dans la pratique mercantile on nomme profit et salaire. Sermons, prières, chant grégorien, baptêmes, mariages, messes pour les morts, si, à l’exemple de J.-B. Say, vous assimiler tout cela aux choses vénales, je n’ai rien à dire. Je vous permets même, dans l’intérêt