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la piété des fidèles, et dont le produit atteint des sommes fabuleuses.

« La papauté, disait un jour au Conservatoire des arts et métiers, devant une réunion de cinq cents personnes, le professeur d’économie politique M. Blanqui, présente le phénomène étrange d’un État fondé uniquement sur la mendicité. Là, depuis des siècles, affluent les aumônes de l’univers. C’est de ces subventions que vivent pape, cardinaux, le clergé romain tout entier, avec sa police et sa petite armée, autour desquelles grouille, dans la barbarie et la superstition, la populace transtévérine. Tandis qu’ailleurs l’État, fonctionnaire de la nation, tire ses revenus de la production nationale, ici c’est le peuple qui vit des salaires de l’État, qu’alimente et soutient la piété des orthodoxes du monde entier. Les seuls hommes qui fassent un peu d’affaires sont les Israélites, confinés dans le Ghetto, objet des avanies les plus humiliantes. »

Cette manière de se procurer des revenus est d’institution apostolique, et il n’est personne en Europe qui ne puisse en observer les effets. Elle fut calquée sur la pratique du pontificat de Jérusalem, qui, dans les derniers temps de la nation, recevait les offrandes de tous les Israélites répandus sur la face du globe. On voit, au livre des Actes, Paul et Barnabé, nommés par les chrétiens pour l’apostolat des gentils, s’emparer des synagogues des provinces, détourner au profit de la nouvelle secte les fonds destinés au temple juif : ce ne fut pas le moindre motif de la haine que leur vouèrent les pharisiens et les princes des prêtres.

Le sacerdoce chrétien, étranger aux notions économiques, n’a jamais consenti à se regarder dans la société comme une fonction utile, analogue à la magistrature, à l’université, à l’armée. Il s’est placé au-dessus et en dehors ; de sorte que le prêtre, ne pouvant pas vivre de rien et aspirant à la domination absolue, s’est trouvé n’être