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dire de sa complicité. Déjà, à la nouvelle que le gouvernement espagnol saisissait les biens ecclésiastiques, comme avait fait l’assemblée Constituante en 1789, le clergé français, à ce que rapporte un journal, eut l’idée de les racheter en bloc : tant les affaires de notre église gallicane sont prospères ! Sans doute il a craint l’éclat d’une opération aussi gigantesque ; il a mieux aimé laisser passer l’orage, agir en détail, dans l’ombre et sans bruit.

On dit, Monseigneur, que depuis votre avénement à l’archevêché de Besançon vous avez, pour le compte de l’Église, tant acheté d’immeubles, que vous posséderez bientôt le quart de la ville et du département. Je ne vous demande pas si vos actes d’acquisition sont en règle, ni ce que vous pouvez faire de toutes ces richesses : je connais votre capacité en affaires, et j’ai entendu parler de votre sobriété. Mais, puisqu’il est avéré qu’en tout ceci l’Église, dépourvue de principes, obéit à une discipline qui lui est propre ; d’autre part, que cette discipline a été réprouvée solennellement par le pays ; que la loi qui vous interdit la propriété dure encore ; que vous vous y êtes implicitement soumis en acceptant un traitement, en signant le Concordat, en occupant un siége dans les conseils de la nation, je vous demande alors quelle garantie vous avez de la loyauté et de l’honnêteté de vos actes ? En éludant, en violant comme vous faites, la loi de la Révolution à laquelle vous avez prêté serment, vous sentez-vous absous dans votre for intérieur ? Et cette révélation qui vous conduit à des manques de foi si étranges, contre lesquels proteste le sens moral des peuples, ne soulève-t-elle en votre âme aucun doute ?

Je sais bien que vous vous prévalez de l’autorisation du gouvernement. D’après la législation qui régit le clergé, toute augmentation du domaine ecclésiastique, toute donation faite à l’Église, entre-vifs ou par testa-