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naire de leur traitement, que par toutes leurs aberrations sur le dogme.

Mais l’Église catholique ne saurait, sans abandonner sa tradition et renier sa foi, se prêter à cette transaction d’une Justice tout humaine, accepter pour règle de ses mœurs un principe de droit rationnel, qui ne tend à rien de moins qu’à chasser la Divinité de son temple, en substituant jusque dans le sanctuaire la théorie de l’immanence à celle de la révélation.

Certes, les déclamations d’un abbé Maury et les excommunications d’un Pie IX me donnent envie de rire ; mais comment de soi-disant ministres du saint Évangile osent-ils se dire chrétiens, quand cette parole de Dieu qu’ils annoncent leur est tarifée comme une leçon d’éloquence ? Ignorent-ils que le prêtre du Christ, par la nature de son dogme, est en dehors de l’économie vulgaire ; que son service n’est point matière échangeable et vénale, et ne peut pas plus que l’amour être soumis au salaire ; qu’organe d’une pensée communiste, il est censé vivre en communauté avec les fidèles, dont il est le chef spirituel ; qu’il est le régisseur de cette communauté, dont le dogme transcendant prime toutes les lois ; et que le jour où pasteur et brebis sortent de l’indivision, c’est comme s’ils rompaient le lien religieux, l’Église est dissoute, et le christianisme évanoui ?

Soyons donc logiques : c’est le seul moyen, pour vous, Monseigneur, de rester sans reproche, et pour moi, qui accuse votre religion en respectant votre personne, d’être juste. Les biens que l’Église accumule sont le trésor des pauvres, c’est-à-dire de la multitude inférieure vouée à la non-propriété ; de même que les indulgences qu’elle dispense sont le trésor des âmes du purgatoire. Toute son économie, en ce monde et en l’autre, est comprise dans cette double attribution. Lorsqu’elle emplit le premier de ces