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Mais l’avare Achéron ne lâche point sa proie. Que le zèle du cénobite vienne à se refroidir, il peut se retirer quand il voudra ; il est libre, le monastère ne le retient pas. On lui rendra ses habits de laïque ; mais, admirez ceci, vous tous qui avez une notion du juste et de l’injuste, on ne lui rendra pas sa promesse ! Le monastère garde le bien, bien dont la donation ne profitera pas au salut de l’apostat, parce que la promesse est retirée de dessus l’autel ; mais bien qui profitera au monastère, qui en garde le titre dans ses archives.

Cela ne vous semble-t-il pas, Monseigneur, friser de près l’escroquerie ? Et si la morale était de quelque chose dans l’Église, trouvez-vous que le bienheureux et béni Benoît ne mériterait pas, pour cette édifiante stipulation, d’être damné à tous les diables ?

Citons encore : je ne sais rien de plus utile à la découverte de la science que cette discipline des hommes de Dieu.

« S’il se rencontre quelque personne noble qui offre son fils à Dieu dans le monastère, et que l’enfant soit fort petit, le père et la mère feront par écrit la demande d’être reçu dans le monastère, et, outre l’offrande, ils envelopperont cette demande et la main de l’enfant dans la nappe de l’autel, et l’offriront en cette manière. Quant aux biens qui peuvent appartenir à cet enfant, ils promettront avec serment dans cet écrit qu’ils ne lui en donneront jamais rien, ni par eux-mêmes, ni par aucune personne interposée, ni en quelque manière que ce puisse être, et qu’ils ne lui donneront ni occasion ni moyens de posséder aucuns biens. Que s’ils ne veulent pas cela et qu’ils désirent faire quelque aumône au monastère par reconnaissance, qu’ils en fassent une donation au monastère, en se réservant, s’ils veulent, l’usufruit durant leur vie. Enfin, que l’on établisse et que l’on assure tellement toutes choses, qu’il ne reste à l’enfant aucun sujet de doute ou de soupçon qui lui puisse être un piége pour le perdre, ce qu’à Dieu ne plaise ! comme nous l’avons connu par expérience. Ceux qui ont peu