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savant professeur, voilà ce qui nous manque, et dont la privation nous fait lentement, ignominieusement mourir.

Et voilà ce que la Révolution nous avait promis, ce qu’elle nous eût dès longtemps donne, si le malheur des temps et la faiblesse des âmes n’en eût retardé la glorieuse et définitive manifestation.

Oui, cette foi juridique, sacramentelle, cette science du droit et du devoir, que nous cherchons partout en vain, que l’Église ne posséda jamais et sans laquelle il nous est impossible de vivre, je dis que la Révolution en a produit tous les principes ; que ces principes, à notre insu, nous régissent et nous soutiennent, mais que nous ne les comprenons pas, que tout en les désirant du fond du cœur, nous y répugnons par préjugé, et que c’est cette infidélité à nous-mêmes qui fait notre misère morale et notre servitude.

Depuis soixante-trois ans, la Révolution est par nous refoulée, travestie, calomniée, livrée à l’ennemi, dont nous avons repris la bannière. Et notre immoralité a grandi à mesure que nous nous sommes rapprochés du principe contre lequel s’étaient levés, mais que ne surent pas nier nos pères.


2. — La Contre-Révolution : son impuissance.


La France, et l’Europe à sa suite, est en pleine contre-révolution, toutes deux du même coup en pleine décadence. Ce fait vaut la peine que je m’y arrête : ceux qui s’en plaignent le plus étant loin d’en soupçonner les agents et les causes.

Tout ce qui est sorti de la Révolution, depuis son