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creuses, que l’étude attentive du gouvernement représentatif… Ce gouvernement ne représente ni des volontés, par elles-mêmes variables et changeantes ; ni des classes, il n’y en a pas : il représente des principes.

« Ces principes sont l’ordre, la liberté, raccord de l’ordre et de la liberté.

« Le pouvoir qui représente l’ordre doit être fort et un : donc royauté et hérédité.

« Le pouvoir qui représente la liberté proviendra de l’élection, parce que la volonté représente le mieux la liberté.

« Le pouvoir modérateur est une espèce d’aristocratie, formée des notabilités de la nation. » (Cousin, Cours de Philosophie de l’histoire.)


Reprenons : Le gouvernement doit être synthétique. — Or le gouvernement représentatif est synthétique, puisqu’il représente des principes opposés ; — donc le gouvernement de juillet est le plus respectable des gouvernements, et la charte est un chef-d’œuvre !

Je laisse à penser au lecteur s’il ne lui semble pas, au contraire, d’après l’expérience des vingt dernières années, que les principes monarchique et démocratique soient toujours au moment de s’entredévorer, bien loin de s’unir ? Ô philosophe ! votre merveille de gouvernement représentatif a tout l’air d’une Thébaïde ; et votre syllogisme pèche, non par la règle générale, mais par le vice de l’application. Il s’agissait de synthétiser deux principes, l’ordre et la liberté, la démocratie et l’unité ; et vous n’avez fait que mettre aux prises des passions et des intérêts !

128. La politique étant, d’après les philosophes, une dépendance de la morale, et la morale une dépendance de la philosophie, les philosophes se sont trouvés, en vertu d’un sorite, les arbitres des princes, des législateurs, des parlements, de l’instruction publique ; pour tout dire, les premiers dans la société, les plus grands parmi les hommes.


« Quels sont, demande M. Cousin, les genres les plus favorables au développement des grands hommes ? La religion tue l’individualité ; l’industrie ne se développe que petit à petit ; les arts et le gouvernement des états offrent plus de chances ; mais les deux genres qui se prêtent le plus au développement des grandes individualités sont la guerre et la philosophie. »


Certainement M. Cousin, lorsqu’il débitait cette phrase, ne faisait aucun retour sur lui-même ; je voudrais pourtant avoir vu le jeu de sa physionomie.


« Nulle autre part il n’y a plus de grands hommes qu’en philosophie. »