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pendant cette retraite, sur l’amour et la haine, le désir et l’aversion, l’expansion et la concentration, l’attraction et la répulsion !… Demandez plutôt à ceux qu’il louait et qui le louent.

Ôtez de la psychologie la sensibilité, l’activité et la liberté ; la sensation, l’attention, la perception, le jugement, l’imagination, la mémoire, la volonté, la passion, c’est-à-dire les noms qu’on a donnés aux apparences du moi, aux phases de son développement et de son action, et dites ce qui reste ? Que l’on me montre une seule loi animique découverte par la psychologie traditionnelle : et je consens pour ma peine à relire tout le fatras des psychologues.

124. Ontologie ou Métaphysique. Qu’est-ce que l’ontologie ? est-elle science ou méthode ? que veut-elle ? que cherche-t-elle ? qu’est-elle dans sa spécialité ? et si elle n’a pas de spécialité, qu’est-elle par rapport à l’univers ? Que le plus hardi des philosophes réponde s’il l’ose.

« L’ontologie, selon M. Jouffroy, est la science du monde invisible, des substances et des causes. » Par ce seul mot, l’ontologie est jugée.

Au reste, puisque le propre d’une science est, avant tout, de déterminer son objet, voyons comment l’ontologie définit les objets et les instruments de son étude.


DÉFINITIONS DE L’ÂME


Aristote : L’âme est la première entéléchie d’un corps naturel doué d’une vie potentielle.
Descartes : L’âme est un être pensant, indivisible et inétendu.
Hegel : L’esprit, c’est le dernier mot de la nature : l’esprit, c’est la nature qui, après avoir subi un certain nombre de déterminations, s’élève à une sphère plus haute. — (Il ajoute que la philosophie est le dernier terme de la manifestation de l’esprit, le fin du fin.)
Damiron : L’âme est autre chose que le moi ; ou plutôt elle est davantage, elle existe avant d’être moi ; elle le devient en se développant ; et, dans la suite de ses destinées, lors même qu’il lui arriverait de cesser de se connaître et de mourir à la conscience, elle serait encore, malgré tout, dût-elle n’être à d’autre titre que les éléments désunis d’un corps qui se dissout, ou qu’une force qui se perd dans le vague sein de l’être.
Desquiron de Saint-Agnan : L’âme est un feu électrique qui anime et vivifie le corps de l’homme.
L’âme est l’éther de l’éther.
L’âme est un principe créateur qui vivifie la matière.
L’âme est une émanation de la divinité.
(Ces dernières définitions sont renouvelées des anciens.)