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115. a) Tout ce qui arrive a une cause et suppose une fin : donc l’existence de l’homme et l’ordre de l’univers prouvent un Être nécessaire, créateur, tout-puissant, bon, juste, sage, rémunérateur et vengeur.

b) L’idée de Dieu nous conduit à celle de rapports entre lui et ses créatures : donc il existe pour l’homme une loi naturelle, qui n’est autre que la première manifestation de la volonté divine, manifestation à laquelle ont participé tous les peuples.

c) Cette loi naturelle s’oblitérant dans l’intelligence des hommes par suite de la barbarie du premier âge, la raison conduit à admettre une révélation subséquente, par laquelle Dieu aura fait connaître d’une manière plus précise le culte qui lui plaît, les dogmes qui le concernent, les lois morales que nous devons suivre, etc.

d) Mais une révélation divine ne peut s’opérer que par des signes divins, c’est-à-dire par des prophéties et des miracles : donc, il est absurde de disputer sur la possibilité de choses dont on démontre à priori la nécessité : il ne s’agit que de savoir si ces prophéties et ces miracles sont suffisamment attestés. Or, des écritures, des lois, des fêtes commémoratives, des annales authentiques, des révolutions miraculeuses, des martyrs, une tradition non interrompue, etc., etc., sont les attestations de ces prodiges, les lettres de créance des intermédiaires entre Dieu et nous.

e) Des dogmes divins doivent être par eux-mêmes au-dessus d’une raison bornée : or, la Trinité, la Rédemption, l’Eucharistie, etc., satisfont à cette loi.

f) Ces dogmes doivent être en rapport avec nos devoirs et notre destinée : en effet, le dogme de la Rédemption explique notre misère, et soutient notre espérance, en nous montrant une vie meilleure ; l’Eucharistie augmente en nous la force et la charité, en faisant descendre la divinité dans nos âmes, etc.

g) Toute législation suppose une magistrature et un enseignement : donc il y a une Église, un corps de prêtres enseignant, et réglementant de la part de Dieu. Le principe des prétendus réformés est l’anarchie.

h) L’interprétation des choses divines ne pouvant se faire par les seules forces de la raison, la révélation doit être permanente dans le corps enseignant : donc l’Église est infaillible.


116. Toutes ces propositions sont autant de formules syllogistiques, renfermant par-ci par-là quelque lambeau de vérité, mais la plupart basées sur des faits altérés, défigurés, mal interprétés, sur des légendes populaires, des allégories ou des symboles pris au pied de la lettre ; enfin sur des généralités imaginées après coup pour le besoin de la cause, et dépourvues de réalité. J’omets, pour abréger, la démonstration de l’existence et des attributs de Dieu, sur laquelle il y a tout à dire.

c) L’insuffisance d’une première révélation, loin de prouver la nécessité d’une deutérose, prouverait seulement l’incapacité du révélateur. Puis, quand on admettrait l’hypothèse des théologiens, il faudrait encore montrer que la plus grande barbarie a régné là