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588. La théorie du vrai est la Méthode naturelle de classification et de composition des idées. — Les mathématiques sont des méthodes particulières de classification, de différenciation el de série (157-176) ; la série est le caractère commun qui les assimile aux autres sciences, et qui donne à toutes la certitude. Cette proposition, qui met sur la même ligne toutes les sciences, était après les prolégomènes qu’on vient de lire (586, 587), la première que nous eussions à démontrer.

589. Ainsi l’idée est l’aperception d’une série (355) ; la vérité, pour l’homme, ou la certitude, est l’intelligence du rapport qui, sous un point de vue donné, constitue cette série.

Ce que l’on appelle conception est la vue de l’élément, de la raison et des modes de la série (341-354).

590. La série n’est point une forme de l’entendement, amorphe de sa nature : elle est d’abord une impression de la réalité sur l’entendement.

Mais la vérité n’est pas seulement la réalité, la nature des choses tombant sous la connaissance de l’homme : en vertu de l’activité propre de l’entendement, elle est encore, en certains cas, une création opérée par l’esprit à l’image de la nature.

Nous savons, en effet, qu’il est des séries réelles et des séries idéelles (360-363) : les premières formées d’éléments inintelligibles et indissolubles ; les secondes composées d’unités, pour ainsi dire, conventionnelles, créées par une abstraction ou sériation logique de l’entendement (241-247), par conséquent susceptibles d’exposition, de transcription et d’analyse.

Mais dans ces deux catégories de représentations, la certitude est égale : la série idéelle étant un calque de la série réelle, paradigme authentique de l’intelligence. De là l’axiome aussi nouveau qu’irréfragable : Tout ce que l’observation révèle est loi de la pensée ; tout ce qui est intelligible à l’entendement est possible à l’expérience (355-356).

Il est donc également vrai de dire et que les choses sont les types des idées, et qu’elles sont des idées réalisées : l’objectif et le subjectif sont adéquats l’un à l’autre, sinon quant à la substance, du moins quant à la forme.

591. Qu’est-ce, à présent, que la faculté de connaître ? La faculté, disait Kant, d’unir synthétiquement la diversité de l’aperception (341). Si, par impossible, les unités sérielles étaient réfléchies sur un moi doué de sensibilité, mais multiple en son essence, ce moi n’éprouverait qu’un sentiment vague ; il ne verrait, ne connaîtrait, ne penserait rien.

Cette faculté est unique ; car si elle n’était pas unique, la diver-