réunissant, par délégation immédiate, tous les pouvoirs politiques. — Les cinq cents élus se divisaient ensuite en dix classes, appelées prytanies, et composées chacune de cinquante membres : chaque prytanie gouvernait l’État pendant trente-cinq jours. — De ces cinquante souverains mensuels, on en tirait au sort dix, nommés proèdres, c’est-à-dire présidents ; entre ces dix, on en choisissait sept, qui se partageaient les jours de la semaine. Celui qui était de jour s’appelait prince ou chef. Voilà comment, d’élection en élection, on faisait ressortir l’unité monarchique.
Mais le prince ainsi choisi par cinq tours de scrutin consécutifs ne réunissait pas tous les pouvoirs : c’eût été trop pour un seul. homme, et les Athéniens ne s’en seraient pas accommodés. Les neuf prytanies qui n’étaient pas de mois nommaient chacune un archonte, ou ministre : le premier était poliarque, préfet de la ville ; le deuxième, roi, chargé de la religion ; le troisième, polémarque, ministre de la guerre ; les six autres, thesmothètes, législateurs, formant entre eux une espèce de conseil d’État, chargé de la confection et de la révision des lois. — Le poliarque était subordonné à l’aréopage, tribunal particulier, établi pour certaines causes politiques et de grand criminel.
Au-dessous de ces magistratures, une multitude d’agents subalternes étaient chargés de fonctions de police et de surveillance. C’est à Athènes que la police s’est, pour la première fois peut-être, séparée nettement de la justice.
Enfin, malgré ce nombreux personnel administratif et cette foule de magistratures, les décisions importantes se prenaient en assemblée générale : le peuple conservait l’initiative des affaires, et ne laissait à ses agents que les détails parcellaires de l’exécution.
495. Les vices de cette organisation sautent aux yeux : c’est, d’une part, le trop grand nombre et l’excessive mobilité de ces fonctions enchevêtrées, mal circonscrites, et, hormis celles qui concernaient les deniers publics, dont tout le monde avait le droit de demander compte, irresponsables ; de l’autre, l’absence totale d’institutions ralliant à la chose publique le commerce et l’industrie.
Le peuple athénien, jaloux à l’excès du pouvoir, ne savait ni le distribuer d’une manière utile à ses intérêts, ni l’exercer collectivement. Là tout le monde voulait être fonctionnaire public, tout le monde voulait vivre aux dépens du trésor : pour satisfaire tant d’ambitions, il avait fallu, en quelque sorte, émietter l’autorité, et renouveler à tout moment les magistrats ; on était allé jusqu’à indemniser les citoyens sans place qui assistaient aux assemblées