la science de Dieu, réalisée par la création, embrasse toutes les catégories de formes, tous les phénomènes, tous les aspects sériels ; ainsi le génie de l’homme tend à égaler l’omniscience, et, dans chaque individu, la connaissance et le travail élèvent indéfiniment leur niveau. Le christianisme, dans ses rêves paradisiaques, promet au fidèle la vue claire et limpide des secrets de la nature, la pénétration des mystères, l’agilité et la subtilité des organes : ces priviléges de la béatitude chrétienne sont le symbole de notre éducation progressive.
Par une perturbation organique et intellectuelle dont je n’ai point ici à rechercher la cause, l’homme sortant des mains de la nature est ignorant et maladroit ; s’il s’élève à la connaissance du beau, du bien et du vrai, c’est par les routes impures du vice et de l’erreur ; mais chaque jour il acquiert plus de goût, de dextérité et de savoir ; chaque jour sa raison se rapproche de son type ; sa vie, à bien dire, est un long redressement.
440. Toutefois, ce n’est point en vue d’une intelligence infinie que se mesurent les esprits des mortels. En Dieu la connaissance est universelle, immédiate, intuitive ; la raison est tout, le talent rien. Dans l’homme, au contraire, la connaissance est partielle, successive, méthodique ; mais, si sa faculté de compréhension a des bornes, la certitude de ses idées est absolue (174-194 ; 326-363). Ce qui fait le mérite de l’homme est la puissance de s’égaler à Dieu par la série : or, la somme d’instruction nécessaire pour acquérir une pleine intelligence de la loi sérielle, et se consommer dans une ou plusieurs branches de l’encyclopédie humaine, pouvant facilement s’obtenir ; à moins que l’on ne confonde l’érudition avec la science, le travail avec la raison, les capacités, dans une société bien ordonnée, seront, à peu de chose près (319), égales.
Ainsi, comme critérium de certitude, la théorie sérielle est la fin de la philosophie et l’abolition de la foi religieuse ; comme norme du travail, de la science et de l’industrie, elle est la mesure et le niveau des intelligences.
Quelle est donc la pensée de ceux qui, dans des vues aristocratiques, ou pour flatter le despotisme propriétaire, affirment, sur la foi d’inintelligibles analogies, que les âmes humaines sont nécessairement et providentiellement inégales, et que cette inégalité entre dans les conditions de la société et de l’ordre ?…
441. Organiser le travail, c’est décrire et délimiter des fonctions, puis les grouper par ordres, genres, espèces et variétés ; comme organiser la botanique et la zoologie, ce fut, pour de Jussieu et Cuvier, trouver les familles naturelles des plantes et des