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vrir des principes absolus, d’une application toujours facile, toujours exacte, et dont les conséquences, si loin qu’on les pousse, ne s’écartent jamais de la raison et de l’équité : avantage que la jurisprudence ancienne et moderne regarde comme impossible d’atteindre, puisqu’elle a fait de la proposition contraire une de ses plus sages maximes. Tant la philosophie du droit manque de principes et de méthode ! Mais le temps me presse ; déjà j’ai dépassé les bornes que je m’étais assignées : d’ailleurs, cette opération rentre dans les précédentes, et plus tard, exécutée avec l’étendue qu’elle demande, elle se présentera avec plus d’avantage.

321. Puisque l’espace, le temps, le nombre, le mouvement, la force, la vie, etc., éléments primordiaux de toutes les séries naturelles, ne sont pas des négations, des limitations l’un de l’autre ; qu’au contraire ces éléments de la création se supposent réciproquement, se servent de principe, de mesure et de terme, souvent s’expliquent et se traduisent tour à tour ; il est impossible que la nature, dans l’infinie variété de ses combinaisons, se contredise ; que ses lois se heurtent, qu’une série soit la négation d’une autre série. Au contraire, un même problème pourra être comme le point de jonction de deux ordres sériels différents ; pourra même, lorsqu’il se trouvera inaccessible à la science dans la série qui lui est propre, être prouvé indirectement comme postulé d’une autre série.

Toutes les races humaines sortent-elles d’un même couple, comme on l’a cru longtemps d’après une fausse interprétation de la Genèse ? La preuve directe serait une généalogie authentique de tous les peuples depuis la création, ou bien une démonstration physiologique de la distinction absolue des races. Or, sur une pareille question, la science des Ussérius et des d’Hozier est muette ; la physiologie et l’embryogénie ne présentent guère, soit pour l’affirmative, soit pour la négative, que des probabilités à peu près égales. Cependant il faut que le problème soit résolu ; et tôt ou tard, la comparaison des langues, la psychologie, l’éthique, l’esthétique elle-même, répondront infailliblement Oui ou Non[1].

Moïse, Jésus-Christ, les apôtres, ont-ils eu des communications surnaturelles et opéré des miracles ? La preuve historique ou testi-

  1. La métaphysique a déjà répondu. Qu’importe que l’homme soit né dans un coin de la terre, d’où, il se sera répandu sur tous les points du globe, ou qu’il soit indigène à toutes les latitudes et à tous les pays ? L’unité de la race ne tient point à l’unité généalogique, mais à l’identité organique et surtout téléologique. Ce qui produit l’unité dans la série, ce n’est pas le fait, puisque le fait est toujours divers ; c’est l’idée. (Note de l’éditeur.)