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Unité, .............. pluralité, .............. totalité
Réalité, .............. négation, .............. limitation, etc.


C’est que le système ternaire se développant de lui-même et fatalement sous la triple influence de ses points de vue générateurs (280 et suiv.), une fois la distribution par quatre engagée dans les termes de la distribution par trois, elle était forcément entraînée dans son mouvement.

Ainsi de cela seul que Kant ne connaissait pas la série, et faisait des concepts de substance et de cause un groupe artificiel, il fut amené, par les nécessités de la logique, à une classification d’abord quaternaire des concepts, classification qui suppose partout le nombre et la diversité comme condition formelle de l’intuition synthétique, et rappelle constamment la série comme le seul thème dans lequel nous soient donnés la quantité, la qualité, la relation et le mode. Arrivé là, le système devait reprendre la forme ternaire, qui est pour nous celle des grandes divisions de la nature.

Autant qu’on pouvait l’espérer d’une métaphysique qui n’atteignait pas la loi sérielle, les catégories de Kant sont irréprochables.

296. Ainsi que Kant, Fourier eut le rare privilége qu’aucun de ses contradicteurs n’a pu jusqu’ici entamer son système, aucun de ses disciples en rendre compte. On s’est soulevé contre ses paradoxes ; on a démontré maintes fois l’inexactitude de ses assertions, ou pour mieux dire de son langage ; mais en somme la théorie de Fourier est debout ; la critique n’a fait encore que gambader devant elle. Pour juger ce réformateur, il ne fallait pas moins qu’une réforme de la logique.

L’instinct de Fourier le conduisait à la sériation des idées : j’en ai rapporté plusieurs preuves. Mais, comme il n’avait point approfondi les règles de cette dialectique, comme il ne connaissait la série, pour ainsi dire, que de nom et par une intuition irréfléchie, il remplit ses ouvrages de formules extraordinaires, attrayantes pour des esprits artificieux, mais dont ni lui, ni aucun des siens, ne sut jamais constater la vérité ou l’erreur.

Le défaut habituel de Fourier est, au lieu d’expliquer les faits, de vouloir les deviner, les créer par ses formules. Voici comment il détermine l’état physiologique de l’homme dans l’autre monde :

« Des corps éther-aromaux que reprendront nos âmes et du séjour ultra-mondain. On n’a sur ce sujet aucune idée régulière, parce que la science n’a pas su classer les éléments en quadrille régulier, avec pivot et analogies :