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Une révolution sociale comme celle de 89, que continue sous nos yeux la Démocratie ouvrière, est une transformation qui s’accomplit spontanément dans l’ensemble et dans toutes les parties du corps politique. C’est un système qui se substitue à un autre, un organisme nouveau qui remplace une organisation décrépite : mais cette substitution ne se fait pas en un instant, comme un homme qui change de costume ou de cocarde ; elle n’arrive pas au commandement d’un maître ayant sa théorie toute faite, ou sous la dictée d’un révélateur. Une révolution vraiment organique, produit de la vie universelle, bien qu’elle ait ses messagers et ses exécuteurs, n’est vraiment l’œuvre de personne. C’est une idée, d’abord élémentaire et qui point comme un germe, idée qui au premier moment n’offre rien de remarquable, empruntée qu’elle paraît à la sagesse vulgaire, et qui tout à coup, comme le gland enfoui dans la terre, comme l’embryon dans l’œuf, prend un accroissement imprévu, et de ses institutions remplit le monde.

L’histoire est pleine de ces exemples. Rien de plus simple au début que l’idée romaine : un patriciat, des clientèles, la propriété. Tout le système de la République, sa politique, ses agitations, son histoire découlent de là. Même simplicité dans l’idée impériale : le patriciat mis définitivement au niveau de la plèbe ; tous les pouvoirs réunis aux mains d’un empereur, exploitant le monde au profit du peuple, et placé sous la main des prétoriens. De là sortirent la hiérarchie et la centralisation impériales. Le Christianisme commence de même : Unité et universalité de la religion, fondée sur l’unité de Dieu et de l’Empire ; union intime de la religion et de la morale ; la charité posée comme acte de foi et comme