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Il n’y a plus rien à dire aujourd’hui sur la collectivité, considérée comme force économique. C’est une vérité devenue vulgaire que dix, vingt, cent ouvriers, opérant ensemble et combinant dans un but commun leur travail et leurs aptitudes, produisent plus et mieux que dix, vingt, cent ouvriers travaillant isolément. Ce qui est une question plus neuve et actuellement plus intéressante, c’est de savoir si un groupe d’ouvriers, se formant spontanément, peut se constituer lui-même, et dégager de son propre sein et par ses propres ressources la force initiatrice qui met l’atelier en mouvement, et la force directrice qui en régularise l’activité et pourvoit à l’exploitation commerciale de ses produits.

« En d’autres termes, le problème économique qui se pose aujourd’hui et qu’il s’agit d’examiner avec un soin particulier, de discuter sous toutes ses faces et d’élucider à fond, c’est de savoir si les classes ouvrières, appuyées déjà sur des droits politiques reconnus, peuvent aspirer à l’autonomie jusque dans le travail, et prétendre, comme les classes qui disposent des capitaux, aux avantages de l’association.

« Nous sommes de ceux qui pensent que le problème doit recevoir une solution affirmative. Nous croyons que les classes ouvrières peuvent, elles aussi, former des groupes libres, mettre en commun des forces, s’approprier le contrat de société, constituer en un mot, des associations dont le travail soit la base, et vivre ainsi de leur autonomie industrielle et commerciale. Nous allons jusqu’à être d’avis qu’en attendant les réformes législatives, qui devront un jour ou l’autre compléter leurs libertés civiles, elles peuvent utilement, dès aujourd’hui, pratiquer pour leur compte les textes actuels de la législation. »


Si je suis bien informé, les passages qu’on vient de lire ne sont pas une vaine phraséologie d’avocat ; c’est la pensée collective, délibérée en conseil, des cent fondateurs du journal l’Association.

À la suite de cette pensée magistrale, me sera-t-il permis à moi simple particulier d’ajouter, par forme de corollaire,