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quis conscience d’elles-mêmes, et nous pouvons assigner la date de cette éclosion, c’est l’année 1848 ;

Sur le second point : Oui, les classes ouvrières possèdent une idée qui correspond à la conscience qu’elles ont d’elles-mêmes, et qui est en parfait contraste avec l’idée bourgeoise : seulement on peut dire que cette idée ne leur a encore été révélée que d’une manière incomplète, qu’elles ne l’ont pas poursuivie dans toutes ses conséquences, et n’en ont pas donné le formulaire ;

Sur le troisième point, relatif aux conclusions politiques à tirer de leur idée : Non, les classes ouvrières, sûres d’elles-mêmes, et déjà à moitié éclairées sur les principes qui composent leur foi nouvelle, ne sont pas encore parvenues à déduire de ces principes une pratique générale conforme, une politique appropriée : témoin leur vote en commun avec la bourgeoisie, témoin les préjugés politiques de toute sorte auxquels elles obéissent.

Disons, en un style qui sente moins l’école que les classes ouvrières ne font que de naître à la vie politique ; que si, par l’initiative qu’elles ont commencé de prendre et par leur force numérique, il leur a été donné de déplacer le centre de gravité dans l’ordre politique et d’agiter l’économie sociale, en revanche, par le chaotisme intellectuel auquel elles sont en proie, surtout par le fantaisisme gouvernemental qu’elles ont reçu d’une bourgeoisie in extremis, elles n’ont pas encore réussi à établir leur prépondérance, elles ont même retardé leur émancipation et jusqu’à un certain point compromis leur avenir.