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classe ouvrière, au point de vue de ses rapports avec la société et avec l’État, a acquis conscience d’elle-même ; si, comme être collectif, moral et libre, elle se distingue de la classe bourgeoise ; si elle en sépare ses intérêts, si elle tient à ne se plus confondre avec elle ; — b) si elle possède une idée, c’est-à-dire si elle s’est créé une notion de sa propre constitution ; si elle connaît les lois, conditions et formules de son existence ; si elle en prévoit la destinée, la fin ; si elle se comprend elle-même dans ses rapports avec l’État, la nation et l’ordre universel ; — c) si de cette idée, enfin, la classe ouvrière est en mesure de déduire, pour l’organisation de la société, des conclusions pratiques qui lui soient propres, et au cas où le pouvoir, par la déchéance ou la retraite de la bourgeoisie, lui serait dévolu, de créer et de développer un nouvel ordre politique.

Voilà ce que c’est que la capacité politique. Il est bien entendu que nous parlons de cette capacité réelle, collective, qui est le fait de la nature et de la société, et qui résulte du mouvement de l’esprit humain ; qui, sauf les inégalités du talent et de la conscience, se retrouve la même dans tous les individus et ne peut devenir le privilége d’aucun ; que l’on observe dans toutes les communions religieuses, sectes, corporations, castes, partis, états, nationalités, etc., capacité que le législateur est inhabile à créer, mais qu’il est tenu de rechercher, et que dans tous les cas il suppose.

Et c’est d’après cette définition de la capacité que je réponds, en ce qui concerne les classes ouvrières, et indépendamment des défaillances et manifestations moutonnière dont elles donnent chaque jour encore le triste spectacle.

Sur le premier point : Oui, les classes ouvrières ont ac-