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teurs de sociétés, comme ont essayé de le faire, en dernier lieu, les auteurs du manifeste ; b) en attestant ce principe par des votes conformes ; c) au besoin, et dans le cas où il devrait se faire représenter dans les conseils du Pays, en élisant pour ses mandataires des hommes qui sachent rendre sa pensée, porter son verbe, soutenir son droit, qui le représentent corps et âme, et dont il puisse dire, sans risquer d’être démenti : Ceux-ci sont les os de mes os et la chair de ma chair.

Sans cela, le Peuple fera sagement de se renfermer dans son mutisme séculaire et de s’abstenir du scrutin ; il rendra service à la Société et au Gouvernement. En résignant les pouvoirs que lui a conférés l’institution du suffrage universel, et prouvant ainsi son dévouement à l’ordre public, il fera chose plus honorable, plus utile, que de voter, à la façon de la plupart des bourgeois, pour d’illustres empiriques, se vantant de diriger une société qu’ils ne connaissent pas, au moyen de formules parfaitement arbitraires. Car si le peuple n’a pas l’intelligence de sa propre idée, ou si, l’ayant acquise il fait défaut à cette idée, il ne lui appartient pas de prendre la parole. Qu’il laisse les bleus et les blancs voter les uns contre les autres ; quant à lui, pareil à l’âne de la fable, qu’il se contente de porter son bât.

Telle est, je le répète, l’inévitable question soulevée par les candidatures ouvrières et à laquelle il faut absolument répondre : Le peuple est-il capable, oui ou non ? — Les Soixante, il faut les en féliciter, se sont prononcés bravement pour l’affirmative. Mais quelle contradiction n’ont-ils pas soulevée, et dans les journaux organes prétendus de la démocratie, et parmi les candidats, et jusque chez leurs