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et déjà ne tend à rien de moins qu’à supplanter et à absorber l’ancien Tiers-État ; — qui en politique n’a pas encore su déduire de ses principes économiques et sociaux une Constitution, mais qui ne faillira pas à cette tâche, et sur ce terrain se trouvera plus éloignée encore de la bourgeoisie constitutionnelle que sur le terrain du travail, de l’association et du salaire ; — qui, enfin, après avoir fait la Présidence et le second Empire, vient de porter brusquement une partie de ses troupes du côté de l’Opposition, non par amour des idées que l’Opposition représente, mais par ressentiment de l’impuissance du gouvernement jusqu’à ce jour à satisfaire à ses vœux. Il est à prévoir qu’un jour ou l’autre paysans et ouvriers s’entendront. Or, ce peuple de travailleurs, ce parti socialiste qui rêve d’acquérir légalement la terre et les capitaux, et que vous ne sauriez désormais éliminer de la scène politique, est foncièrement antipathique aux institutions bourgeoises, exprimées soit par la constitution de 1814-1830, soit par celle de 1848 ou celle de 1852 modifiée. Si bien, je vous le répète, que vous ne pouvez ni garder le statu quo ni rétrograder, et que votre unique chance de salut est de marcher en avant, de compagnie et sous la direction d’une plèbe dont vous connaissez plus ou moins la force, mais dont rien ne vous a encore révélé le système.

Voilà pourquoi je soutiens que les élections de 1863-64 sont un vrai coup fourré, et la situation créée par elles une impasse où personne ne saurait se mouvoir ni même se reconnaître, pas plus la Démocratie et l’Opposition que le Gouvernement. L’invasion populaire dans le scrutin a tout troublé. Le Gouvernement, qui croyait n’avoir devant lui