Soit, disent nos entrepreneurs d’Opposition légale, bâtards du suffrage universel et de la bascule doctrinaire : la révolution du 2 Décembre et ce qui s’en est suivi jusqu’au 20 mars 1864, aura été pour le Pays comme une longue aliénation mentale : malheur immense sans contredit. Était-ce une raison pour croupir dans l’inertie, demeurer courbés sous la main de fer du despotisme, renoncer à toute vie politique, et retenir indéfiniment dans une sorte d’état de siége nos villes et nos campagnes ? Ne valait-il pas mieux revenir, le plus vite possible, à ces institutions de liberté et d’ordre qui marquèrent la plus belle période de notre histoire, et devions-nous repousser les efforts de ceux qui travaillaient à nous y ramener, même au prix d’une consécration nouvelle de la dynastie des Bonaparte ? Que le Pays renaisse, et que les partis se résignent : telle doit être en ce moment notre pensée à tous. Trouvez donc bon qu’à cet égard nous prenions acte de vos propres aveux en faveur des élections de 1863-64, et de cette généreuse Opposition qui en est sortie.
Eh bien, cette dernière illusion je suis forcé de vous l’enlever. Le retour au système de 1830 et à tout autre analogue, monarchie constitutionnelle ou république bourgeoise, est devenu aussi impossible que le retour au système de 1788 ou à celui de 1804. N’oubliez donc pas qu’avec le suffrage universel nous n’avons plus seulement affaire à une bourgeoisie haute et moyenne, à la France de Juillet, unanime dans ses vues politiques aussi bien que dans ses maximes économiques. Nous avons devant nous la multitude de Février, qui se sent distincte de la bourgeoisie et s’affirme en dehors et en face de son aînée ; — qui en économie sociale professe des maximes toutes différentes,