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à toute détermination. Si les deux cent quatre-vingt-trois membres du Corps législatif leur ressemblaient, en autres termes, si le Corps législatif tout entier était dans l’Opposition, l’Empereur serait obligé de convoquer à nouveau les électeurs afin de savoir d’eux, par un vote explicite, ce qu’ils exigent de lui et ce dont ils ont chargé leurs représentants de lui faire part. Mais nous aurions alors un bien autre spectacle : les électeurs seraient obligés d’avouer qu’ils ne peuvent s’entendre, et que ce que la nation connaît le moins, c’est ce qu’elle pense.

II. Mais voici qui est plus triste. Non-seulement depuis les élections de 1863-64, la nation en majorité immense ne peut pas se dire représentée ; non-seulement, chose pleine de périls et qui suffit à elle seule pour créer une situation impossible, il y a discordance entre le Pays et l’État, entre la pensée secrète des masses et les idées officielles ; nous allons voir, du fait de l’Opposition, une sorte de comédie organisée pour gagner du temps, et user la Révolution. Tandis que le peuple, consumé de la fièvre des réformes, ceint ses reins et se prépare pour les grandes luttes économiques, on rêve de lui donner pour toute satisfaction je ne sais quel rafraîchissement doctrinaire.

N’oublions pas que démocrates et bourgeois, en prenant part aux élections et se donnant des représentants, se sont placés sur le terrain de la légalité impériale ; de sorte que, si par le fait des derniers votes un courant d’opposition s’est établi, cette opposition n’indique pas une rupture, mais une simple divergence de vues, un mécontentement vague qui n’altère en rien les rapports légaux et n’admet aucune prise sur la Constitution.