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sion du forain ? Pas plus que la bourgeoisie n’avoue le Droit au travail, reproduit par les candidatures ouvrières. Si l’Empereur peut s’attribuer une signification, c’est, aujourd’hui comme en 1852, de nous sauver de la révolution, en dérivant les passions populaires. M. de Persigny, qui met le bon sens rustique au-dessus des imaginations citadines, et qui à ce propos cite d’une si drôle de façon l’histoire romaine, oublie une chose : c’est que ce sont les plébéiens de la ville qui, avec leurs lois agraires, ont pris l’initiative de la révolution impériale et qui ont entraîné ceux de la province. Si plus tard les uns et les autres sont restés fidèles au nouvel ordre de choses, c’est que l’empereur des Prétoriens disposait de moyens de ralliement plus efficaces encore que le partage des territoires conquis, mais que n’aura jamais à sa disposition l’empereur des Français, je veux dire les dépouilles des nations, les tributs du monde.

Est-ce que l’Opposition légale, actuellement composée de quinze ou seize députés plus ou moins démocrates, et de vingt ou vingt-deux dynastiques, aurait la prétention à son tour de représenter le Pays, que dis-je ? ses propres électeurs ?

D’une part, elle a prêté serment d’obéissance à la constitution et de fidélité à l’Empereur, ce que n’a pas fait le corps électoral. En outre, elle est formée d’éléments hétérogènes, disparates, contradictoires : en quoi on peut l’accepter comme expression plus ou moins fidèle du passé et de ses diverses époques, mais nullement comme organe et synthèse de l’avenir, dont elle n’a pas le moindre soupçon. L’Opposition, elle aussi, a la face tournée en arrière ; elle est essentiellement conservatrice ; comme la majorité, elle