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une loi plus funeste encore sur la liberté de l’usure ; ni la haute banque, ni les grandes compagnies, ni la grande propriété. Personne n’a la moindre conscience de ce qui se passe en lui : s’il était possible d’imaginer une incarnation du destin, et de donner à cette incarnation une âme, un esprit, une conscience, je dirais de ce monde anarchique et féodal tout à la fois, qu’étant inconsciencieux, partant irresponsable, comme le destin qu’il représente, toute accusation tombe devant lui. Ce que j’accuse, ce sont d’abord les instincts contre-révolutionnaires de l’époque, dont le principe est dans la terreur socialiste ; c’est ce système de concentration politique, balancé par un capitalisme anarchique, système incompatible avec les libertés et garanties de 89, ayant elles-mêmes leurs expressions dans la classe moyenne.

Cette classe moyenne, au sein de laquelle la Démocratie travailleuse, mieux inspirée, déclarait, il y a un an, vouloir s’absorber tout entière, ne semble-t-il pas qu’on travaille de toutes parts avec une sorte de fanatisme à la démolir, qu’on veuille la ramener au salariat ? Chaque jour la faillite fait de larges trouées dans les rangs des petits bourgeois ; chose plus insupportable encore, la gêne continue, la vie au jour le jour, la misère secrète les déciment. Les ouvriers n’ont vu que leurs propres angoisses ; ils ne se doutent pas des tribulations bourgeoises. Devenus par la loi sur les coalitions les auxiliaires de l’aristocratie capitaliste contre la petite industrie, le petit-commerce et la petite propriété, sans doute ils voteront, en 1869, pour les candidats de l’administration ; ce sera logique. Libre coalition, libre usure, libre-échange,