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la logique la plus rigoureuse qui le dit, c’est le sens commun et la pratique de tous les siècles.

Je regrette, pour la gloire parlementaire de M. Émile Ollivier, d’avoir à le dire ; je le regrette pour le corps législatif et pour le Gouvernement ; je le regrette pour mon pays et pour la Démocratie ouvrière : la loi qui autorise les coalitions est foncièrement, anti-juridique, anti-économique, contraire à toute société et à tout ordre. Toute concession obtenue sous son influence est abusive et nulle de soi, pouvant donner lieu à revendication et poursuite correctionnelle[1].

2o Mais, dit-on, et ceci est le second argument du Rapporteur : s’il est facultatif à un ouvrier de demander une hausse de salaire ou de donner congé, pourquoi la même faculté ne serait-elle pas acquise à plusieurs ? Pourquoi pas à tous les ouvriers d’un même atelier, d’une même corporation, d’une même ville ? Comment ce qui est licite venant d’un seul serait-il coupable venant d’une multitude ?

J’ai été surpris de rencontrer ce sophisme dans l’argumentation de l’illustre avocat ; il m’a prouvé, entre autres, choses, que M. Émile Ollivier, avec sa merveilleuse facilité de parole, ignorait jusqu’aux règles de la logique. Quoi ! il en est à savoir que la conclusion de l’unité à la

  1. Dans une publication récente, un économiste de l’école officielle a écrit ces propres paroles : « Le meilleur remède aux coalitions est la liberté des coalitions. » — C’est absolument comme s’il eût dit : Le meilleur remède contre le vol, c’est de revenir à la loi spartiate, la liberté du vol. Le meilleur moyen de faire cesser le libertinage et le bâtardise, c’est de déclarer l’amour libre, et tous les bâtards enfants de l’État. Combien de fois ne l’ai-je pas dit, et combien de temps encore faudra-t-il le redire : ces gens-là n’ont ni le sens moral ni le sentiment de la liberté.