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faiblesse du salaire ; vous, vous protestez contre l’exigence des ouvriers et la nullité de vos bénéfices. Il ne m’appartient pas, il n’appartient pas à l’État, au Gouvernement, de s’immiscer dans vos débats d’atelier. Je veux pourtant donner aux uns une garantie nouvelle, aux autres une immunité de plus. J’abolis le délit de coalition, défini par les art. 414, 415, 416 du Code pénal. Coalisez-vous les uns contre les autres, ou accordez-vous ; désormais cela vous regarde. Faites-vous bonne et rude guerre ; vous êtes les maîtres, le Gouvernement s’en lave les mains. Seulement ne contraignez personne, non compettite intrare. Désormais la liberté de coalition, la liberté des grèves, comme le libre-échange ; comme la libre usure, comme le libre travail, comme toute liberté de faire ou de ne pas faire, vont être inscrites au nombre des droits de l’homme et du citoyen.

Peut-être si l’Opposition, aux yeux myopes, avait découvert ces motifs dans le blanc des lignes du projet de loi, l’aurait-elle pris à un tout autre point de vue. Elle se serait dit que le Pouvoir, afin de décharger d’autant sa responsabilité, désertant les questions de Droit économique et créant, en guise dé garanties et de liberté, l’universel antagonisme, c’était à elle de prendre en main la défense de ce droit économique. Mais l’Opposition n’a rien compris à ce qui se passait sous ses yeux ; et c’est elle aujourd’hui, non le Gouvernement, que nous avons à convaincre.

Les arguments présentés par le rapporteur, M. Émile Ollivier, en faveur du projet de loi, arguments adoptés par l’Opposition tout entière, qui n’a fait d’objection que contre le texte même de la loi, sont au nombre de trois principaux, nous allons les répéter l’un après l’autre :