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n’avaient pas tort, au for intérieur, de se plaindre, n’étaient nullement admissibles à se coaliser comme ils le prétendaient. Ils violaient la loi, une loi d’ordre et de haute morale sociale ; ils n’étaient pas en règle ; ils outrepassaient, au for extérieur, leur droit. Et c’est ce double caractère de justice dans le plainte des ouvriers et d’immoralité dans leur grève qui constitue une nouvelle contradiction, inévitable, fatale, comme celle que nous signalions tout à l’heure, et, dans le milieu où elle se produisait, insoluble.

La contradiction va plus loin encore : elle n’existe pas seulement dans les actes respectifs dés ouvriers et dès maîtres ; elle se rencontre, bien plus odieuse, dans la faveur généralement accordée à ces derniers, et la répression qui est le privilége ordinaire des autres ; c’est ici surtout que je supplié le lecteur de retenir ses sentiments, et de considérer les choses avec le froid regard de la pure intelligence et d’une haute justice.

Il semble, n’est-il pas vrai, que ce soit accorder beaucoup trop d’importance à des formalités dont le seul but aurait, été, chez les ouvriers comme chez les patrons, de déguiser une chose mauvaise en soi, la coalition. Qu’importe que les propriétaires fussent ou non associés, si le résultat pour le public et pour les ouvriers était le même, la hausse des prix et la baisse des salaires ? Qu’importe d’un autre côté que les ouvriers se formassent en compagnies de travailleurs, plus ou moins régulières, si, pour les propriétaires, le résultat demeurait identique, la hausse des salaires ? Il appartenait à la justice d’apprécier les faits et gestes de chacun, et de sévir contre tous.