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Nous connaissons les effets bons et mauvais de la libre concurrence pratiquée de peuple à peuple, sur la plus vaste échelle ; nous avons vu, et l’histoire de chaque jour témoigne, qu’elle se manifeste par des différences, ce qui veut dire des soldes de 200 à 300 millions, des emprunts proportionnés, des cessions de territoire, traînant à leur suite l’inféodation, l’exhérédation, la dénationalisation. En France, pour ne point sortir de notre pays, la haute banque est tenue principalement par des étrangers : Anglais, Hollandais, Belges, Allemands, Suisses, Israélites, etc. ; le meilleur de nos propriétés en Touraine, Bourgogne, Bordelais, etc. ; nos crus les plus précieux, ont passé également entre les mains d’étrangers. Le peuple français, classe ouvrière et classe moyenne, ne sera bientôt plus chez lui que fermier et salarié.

Et, en effet, de même que le libre-échange ou la libre concurrence implique comme corollaires, la libre industrie, le libre crédit, le libre agiotage, la libre coalition, la libre propriété ; pareillement, le grand commerce et la grande concurrence, organisés par le libre-échange international, entraînent la grande industrie, la grande banque, les grandes compagnies, les gros intérêts, la grande spéculation, la grande culture, la grande propriété : ce que vous pouvez résumer par cette formule : la féodalité capitaliste — industrielle — mercantile — propriétaire libre.

Quelques chiffres, un simple calcul va vous donner le secret de cette effrayante transformation, tant de fois dénoncée depuis vingt-cinq ans.

Dans quelles conditions un pays peut-il nourrir le plus