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droit, des lois de la logique, de la nature et de l’esprit, reviennent à celle-ci : la Liberté pour la Liberté.

Non, dis-je, il n’est pas vrai que la Liberté puisse, par elle-même, suppléer aux lois de la Conscience, aux principes de la Science et du Goût ; en autres termes, il n’est pas vrai que la Vérité, la Raison, le Devoir et le Droit, l’Amour et le Goût se résolvent dans ce terme unique, la Liberté. L’Intelligence est autre chose que la Liberté ; l’Amour et l’Art, autre chose que la Liberté ; la Société et la Justice, à plus forte raison, autre chose que la Liberté. De ces divers principes indispensables à l’ordre social, aucun n’est donné dans la Liberté, bien que tous la requièrent ; et c’est pourquoi il ne suffit pas que ni l’échange, ni le travail, ni le crédit ou la propriété soient libres, pour qu’on les déclare équitables et encore moins garantis. J’affirme, autant qu’homme du monde, la Liberté ; je la veux et la revendique ; mais elle ne me suffit pas. Je réclame, en outre, dans mes relations économiques avec mes semblables, de la Vérité, de la Mutualité et du Droit, de même que je veux dans l’Art, du goût et de la raison ; dans l’Industrie, de l’utilité ; dans la Science, de l’exactitude et de la méthode. Or, ces conditions sans lesquelles la Liberté n’existe pas pour moi, non plus que l’Art, la Philosophie, la Science, etc., sont justement ce qui fait défaut dans le libre-échange.

Si le principe du libre-échange est, à priori, démontré faux par la philosophie et par la morale, les considérations de fait alléguées en sa faveur sont également fausses et controuvées.

Il n’est pas vrai qu’une nation doive abandonner les in-