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rien n’avance, classe ouvrière et classe bourgeoise, rente et fermage, renaissent sans cesse l’une de l’autre.

La république de 1848 a conféré aux paysans comme aux ouvriers, le droit électoral. Or, tandis que ceux-ci ont appris des bourgeois à faire opposition au Pouvoir et votent avec eux, l’Empereur, à tort ou à raison, est resté pour le paysan le symbole du droit allodial, rendu triomphant par la Révolution et la vente des biens nationaux. Dans le roi, au contraire, protecteur de la bourgeoisie ou prince de la gentilhommerie, il n’a jamais vu que l’emblème du fief, qui reparaît à son œil soupçonneux en la personne du bourgeois capitaliste, chef d’industrie, administrateur de compagnies, négociant, homme de lettres ou magistrat. Napoléon Ier le savait : c’est ce qui, malgré ses infidélités, le rendit si longtemps populaire. On put en juger en 1830, en 1840, et jusqu’en 1852. C’est à peu près ainsi que les paysans italiens regrettent le gouvernement autrichien, ennemi ou adversaire naturel de la bourgeoisie, et maudissent le Royaume constitutionnel, monument de la victoire de ces maudits messieurs, maledetti signori.

L’établissement des chemins de fer a développé une grande richesse dans beaucoup de départements, même les plus éloignés du centre, ceux surtout dont la production principale ne consiste pas en blé, tels que l’Hérault, le Gard, le Jura, le Doubs, etc.[1]. L’enchérissement universel des denrées alimentaires, venu à la suite de l’énorme dé-

  1. Le libre-échange empêche la hausse des céréales, et tient en respect le paysan : on peut dire que presque partout, en France, le prix du blé ne représente que les frais de production. Dans la Beauce même, la source des profits du fermier n’est pas dans la récolte du blé ; elle est dans la prairie artificielle, dans le troupeau.