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cinq centimes par jour et par élève, de sept à dix-huit ans, pour frais de nourriture, écolage et apprentissage, sont certes une évaluation des plus modestes. Supposant le produit de la nation de 12 millards, l’épargne de 2 milliards, ce qui est fort exagéré ; la consommation de 10 milliards : les huit millions de jeunes gens, formant le cinquième de la population, ne coûteraient que 1,606 millions, c’est-à-dire moins du sixième de la dépense nationale : ce qui est certainement au-dessous de la vérité.

Or, toute cette dépense doit être payée, et elle se payera en effet, ou bien l’éducation sera abandonnée. Par qui se payera-t-elle ? Pour le découvrir, commençons par voir ce qui se fait aujourd’hui.

L’instruction littéraire, scientifique et professionnelle, telle qu’elle se donne aujourd’hui, est payée :

1o Par l’État (universités, instituts, académies, collèges, lycées, etc.) ;

2o Par les communes ;

3o Par la bienfaisance publique ;

4o Par les familles ;

5o Par les élèves eux-mêmes.

Ce qui n’est pas payé, faisant déficit au budget, ne tarde pas à faire déficit à l’enseignement, et a pour conséquence l’ignorance de la jeunesse, la misère.

Pour quelle part chaque catégorie payante entre-t-elle aujourd’hui dans les frais de l’enseignement.

Le budget de l’instruction publique, payé par l’État, est de 25 ou 30 millions, je ne saurais dire au juste. Or, quelle que soit dans les conditions actuelles de la société