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en Angleterre, tant que ni la monarchie, ni l’aristocratie, ni la bourgeoisie, ni l’Église, ne se sentiront menacées, la liberté, ainsi limitée et déterminée, ne rencontrera pas d’obstacle sérieux du côté du Pouvoir. Le jour au contraire où la Plèbe serait admise à l’exercice des droits politiques, où la guerre serait déclarée à l’aristocratie terrienne et industrielle, où la dynastie et la royauté elle-même seraient mises en question, où l’épiscopat prendrait ombrage des progrès du papisme, où la centralisation, activée par ce mouvement révolutionnaire, aurait dû prendre un surcroît d’intensité, ce jour-là, on peut s’y attendre, il existe en Angleterre un arsenal de lois qu’on laisse dormir, mais dont le Gouvernement n’hésiterait pas à faire usage, et l’incompatibilité entre le Pouvoir et la Liberté apparaîtrait dans tout son éclat.

La Belgique est dans une situation analogue : de temps en temps elle nous donne d’étranges preuves de l’amour de son Gouvernement pour la liberté, et j’en aurais long à dire sur cet intéressant pays, si le libéralisme unitaire dont nous l’avons doté faisait illusion à personne. Il n’y a peut-être à cette heure, dans toute l’Europe, que l’Italie, où la Liberté vive dans une sorte d’intelligence avec le Gouvernement : cela tient à leur préoccupation commune, devant laquelle tout intérêt s’efface, toute difficulté disparaît : la formation et le complément de l’unité italienne. Et encore !


Ma thèse serait incomplète, et il manquerait quelque chose à mes preuves, si je ne montrais en quelques lignes à quelles conditions peut exister dans un grand État la Liberté.