Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/355

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la bonne foi de leurs intentions, et balbutier de misérables sophismes ! La Démocratie contemporaine n’a rien vu de plus misérable que la défense des Treize devant la police correctionnelle. C’est dans ce procès qu’on a pu juger du machiavélisme d’une Opposition qui, pour sauver son détestable système d’unité, aux dépens de sa propre dignité, trompe le Pays et se pose en martyre, comme si entre le droit de réunion et la centralisation de l’État, nos lois et notre histoire ne proclamaient pas hautement qu’il y a contradiction.

Des réunions, des associations libres dans un système comme le nôtre, où par la nature des choses les griefs contre le Pouvoir fourmillent, où les ambitions pullulent, où les partis et les coteries sont constamment en action ! Mais regardez donc ce qui se passe dans les plus inoffensives de ces sociétés, dans celles qu’autorise le Gouvernement. On cherche des allusions partout ; on en crée là où les orateurs n’en ont pas voulu faire : plus les attaques sont perfides, aiguës et pénétrantes, plus on s’entête contre l’autorité qui s’en préoccupe, plus on l’accuse de tyrannie. Pour le Pouvoir plus de justice : de lui on n’admet pas d’explications ; on refuse de l’entendre ; on organise contre lui la conspiration du serpent, qui se bouche les oreilles, dit l’Écriture, afin de conserver contre l’enchanteur la liberté de ses dents et de son venin. On dénature ses paroles, on calomnie ses actes, on l’étouffe, on l’écrase, on procède à son égard comme vis-à-vis d’un écrivain en défaveur ; si bien qu’en définitive il ne reste au Pouvoir, dont le terme est arrivé, qu’à prendre héroïquement son parti, qui est d’user jusqu’au bout des