Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.

blications, et même de les distribuer gratuitement. Sous le régime actuel, toute entreprise de ce genre est considérée comme un empiètement de l’État sur le droit des industriels. Aussi lorsque M. Guéroult, parlant pour toute la presse, est venu exprimer son mécontentement de l’extension donnée au Moniteur, et soutenir par les plus pitoyables raisons la plus pitoyable des thèses, le commissaire du Gouvernement s’est-il borné à faire valoir le précédent du Moniteur lui-même, assurant qu’il ne s’agissait que d’un supplément, et protestant du respect de l’autorité pour les droits du journalisme mercantile et de l’industrie gazetière.

Le Pouvoir, enfin, essaiera-t-il de la suppression générale ? Il ne l’a pas osé en 1852, et la chose paraît impossible. Napoléon Ier, au dire de M. Thiers, semblait en 1815 converti à cet égard : ce qui est certain, c’est que la négation de la liberté de la presse n’est rien de moins que l’abolition des principes de 89, la destruction de toutes les garanties politiques. Il est vrai qu’à cet égard l’Opposition constitutionnelle a la première donné l’exemple, et créé un précédent décisif aux dernières élections. Des journalistes amis de la liberté, qui eussent compris leur devoir, se seraient empressés, il y a dix-huit mois, de mettre leurs feuilles à la disposition des comités démocratiques et de toutes les opinions privées d’organe. Au lieu de cela ils ont jugé plus utile à leur ambition de s’emparer des élections et d’accaparer les suffrages : c’est ainsi que MM. Guéroult, Havin, Darimon et leurs collègues ont escaladé la députation. Que répondraient-ils aujourd’hui si l’Empereur tenait au Pays ce