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garder le large, ne donner que des explications incomplètes, accuser l’audace des partis, soutenir qu’il n’en veut ni à la liberté, ni à la philosophie, ni aux droits du Pays ; qu’il ne poursuit que l’abus, le mensonge, la calomnie, l’outrage à la religion et aux mœurs ; s’assurer au besoin du silence quand il ne peut s’assurer des écrivains, et, sous des apparences de modération et d’impartialité, régenter de haut les idées en intimidant les esprits.

Quant à ceux dont le métier, érigé presque en prérogative constitutionnelle, est de contredire tout ce que dit, de dénigrer tout ce que fait le Gouvernement, ils n’ont garde de dévoiler non plus le fond des choses : où serait alors leur espérance et que deviendrait leur ambition ? Ce qu’ils veulent, c’est d’arriver à leur tour au Pouvoir, bien entendu sans changer de système ; entre temps, et pendant qu’ils tiennent le Ministère acculé dans la résistance, affecter le rôle du libéralisme toujours bien venu des masses. Ils invoquent les principes sacrés de 89, les droits imprescriptibles de la pensée humaine, s’attachant à rendre toute répression odieuse, toute restriction ridicule ; attribuant à l’impéritie du Pouvoir, à ses maximes erronées, à sa détestable politique, la peur qu’il a de l’opinion, et par suite la guerre qu’il fait à la presse ainsi qu’aux associations et réunions de citoyens. Quittes, plus tard, lorsqu’à leur tour ils seront aux affaires, à protester de l’excellence de leurs intentions et à rejeter sur l’atrocité des factions les mesures de défense que leur aurait imposées l’intérêt supérieur de l’État ! Depuis 89 nous assistons à cette comédie, digne de la foire, où M. le commissaire est toujours battu, et Arlequin glorifié.