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payeront ; et puisqu’il est prouvé que l’impôt est acquitté par chaque famille en raison inverse de son revenu, il s’ensuit, par une dernière et fatale conséquence, que ce sera toujours le peuple qui payera. Maintenant il s’agit de savoir si le peuple peut payer plus qu’il ne paye ; si, après tant de sacrifices, il obtiendra enfin cette instruction tant désirée ; s’il est possible qu’on la lui donne ; si, en fin de compte, elle lui serait bonne à quelque chose. Nous reviendrons sur ce sujet dans un des chapitres suivants.

Ainsi ce magnifique système de contributions, dont nous voyons depuis trois quarts de siècle toutes les Oppositions discuter, contradictoirement avec le Pouvoir, les innombrables articles, n’est autre chose que le corollaire du système politique, dont je répète que le Gouvernement actuel est l’une des innombrables incarnations. Qui vote le budget se prononce nécessairement pour le système ; qui affirme celui-ci suppose du même coup celui-là. Le débat, toujours plus ou moins acrimonieux, auquel se livrent chaque année l’Opposition et le ministère, n’est que pour l’acquit de la conscience bourgeoise, qui veut que le budget soit vérifié, discuté et voté : débat inutile, qui jamais ne touche aux principes et ne roule que sur des détails d’application. C’est ce que prouvent tous nos changements de ministère, de constitution et de dynastie, à chacun desquels on a vu le Gouvernement changer plus ou moins de ton, de langage et de politique, mais sans que le budget ait cessé de s’accroître. D’accord sur les totaux, le Gouvernement et les partis, le ministère et l’Opposition ne diffèrent que sur le titre à donner aux