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grande manifestation électorale, il convenait à la classe travailleuse de confondre ses rangs avec la classe bourgeoise ; si la prestation du serment, gage, sinon d’un dévouement absolu à l’empire, tout au moins d’adhésion au programme de l’Opposition légale, n’impliquait pas abandon des principes de la révolution sociale ; si le vote populaire n’aurait pas plus d’énergie, ne frapperait pas un coup plus décisif, en se bornant à remplir les urnes de bulletins sans nom et en rendant les élections de Paris impossibles. Les idées n’avaient point assez marché ; l’opinion n’était pas faite ; on s’imaginait que l’élection de représentants était essentielle à l’exercice du droit de suffrage, et l’on n’était préoccupé que d’une chose, faire tomber les votes sur des personnages dont les noms, indépendamment des dispositions secrètes des candidats, constituassent une opposition au gouvernement.

Disons les choses dans leur rude franchise : il semble que le peuple ouvrier, qui pour la première fois allait parler en son propre et privé nom, plus accoutumé aux coups de vigueur qu’à la manœuvre des idées, tenait surtout à prouver qu’en lui est le nombre et la force ; qu’au nombre et à la force il saurait joindre désormais la volonté et la résolution ; qu’il lui est aussi aisé de briser une majorité que de la faire, et qu’après avoir donné, en 1848, cinq millions et demi de voix à Louis-Napoléon ; en 1851, sept millions et demi ; en 1852, sept millions huit cent vingt-quatre mille