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de Louis-Philippe se sont perdues à ce jeu, qu’on recommence aujourd’hui. M. Vuitry, répondant à M. Thiers au nom du Gouvernement, a pu dire, sans être démenti, qu’en définitive, sur un budget de 2 milliards et 300 millions, M. Thiers ne trouverait pas 10 millions à supprimer. Est-ce la peine de se dire de l’Opposition, et cela méritait-il de tenir six mois en haleine le Corps législatif ?

Le Gouvernement désirait contracter un emprunt de 300 millions de francs. À peine demandé, aussitôt accordé. Qui donc eût voulu empêcher le Gouvernement de faire face à ses engagements, arrêter les travaux, ôter le pain à cent mille ouvriers, paralyser l’action du Pouvoir ? Mais, eu accordant le crédit, M. Thiers y mettait une condition qui devait rendre l’opération tellement laborieuse que le ministère en eût perdu le fruit, et qu’en y souscrivant il se fût reconnu, par le fait, indigne de la confiance du Pays. C’est ce que n’a pas eu de peine à démêler le commissaire du Gouvernement. Tel est l’art du parlementage, la grande tactique de l’Opposition. Et nous enverrions des représentants jouer, au nom de la Plèbe travailleuse, ce jeu indigne !

Je retrouve dans un journal une série d’amendements présentés l’an dernier par MM. les députés de l’Opposition démocratique.


« Supprimer 100,000 fr., traitement du Directeur de la presse. »


Manière de plaider la cause de la liberté de la presse, toujours en instance depuis 1789. Mais il s’agit précisément de savoir si la presse peut être libre dans le système de centralisation admis par les députés prétendus démo-