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d’entretenir sa flotte : et c’est ce que M. Dupuis de Lôme, commissaire du Gouvernement, a expliqué avec une puissance d’argumentation et un luxe de chiffres écrasants. J’ai été affligé de voir tant de trésors sacrifiés à une politique aussi mal entendue, tant de constructions magnifiques, qui ne serviront jamais qu’à transporter des canons et des soldats ; et je n’ai pu m’empêcher de me dire qu’avec le quart de cet argent, 25 ou 30 millions chaque année, employés, non en primes aux armateurs, mais en fournitures de fer, de bois, de cuivre et de houille, nous nous donnerions en peu de temps une marine aussi forte en personnel et en matériel et aussi bien achalandée que celles des États-Unis et de l’Angleterre.

Et pourquoi notre Opposition en veut-elle à la Russie et à l’Allemagne ? Parce que d’un côté la Russie, au lieu de rétablir dans sa souveraineté la noblesse polonaise, s’est avisée, après avoir émancipé et doté ses paysans, de donner aussi la terre à ceux de Pologne ; et que, d’autre part, si, par l’adjonction du Holstein, l’Allemagne confédérée devenait une puissance maritime, cela ferait ombrage à l’Angleterre et à nous-mêmes. Mais à quoi bon maintenir à si grands frais l’unité politique, si par elle nous n’obtenons la prépotence sur terre et sur mer ? Des travailleurs, des mutuellistes devenus hommes d’État se réjouiraient de ce progrès des classes agricoles en Pologne et en Russie, ainsi que du développement de la Confédération germanique et de la liquidation du royaume danois, dont le chef, on a fini par l’avouer, avant de se faire battre par les Allemands, avait eu la sottise de se mettre vis-à-vis d’eux dans son tort. Mais, faut-il le répéter sans cesse ?