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autres l’exemple du travail, de l’économie, du bien-être, de la liberté et des mœurs, je déclare n’avoir que faire de cet état militaire et de la diplomatie qui l’accompagne. Les quatre à cinq cents millions que chaque année il nous en coûte sont à mes yeux en pure perte : À quoi bon dès lors irais-je charger un représentant d’en éplucher le détail, puis d’homologuer la somme ?…

Un citoyen de Hollande me disait un jour : Devinez quelle est la garnison de Rotterdam, la seconde ville des Pays-Bas, port de mer, de plus de cent mille habitants, population mêlée, bruyante, sans cesse agitée par le travail et l’orgie ? — Un régiment, répondis-je, croyant être modéré. — Personne, répliqua le Hollandais. Il y a un poste de municipaux, qui suffit largement au maintien de l’ordre. L’armée des Pays Bas ne sert qu’à Java et à Bornéo, pour tenir en respect les sauvages.

Qu’on me permette d’ouvrir ici une parenthèse.

Le Royaume des Pays-Bas a conservé les mœurs fédérales des Provinces-Unies : c’est ce qui fait la supériorité de sa civilisation. La Belgique, au contraire, nous a emprunté notre administration, notre état militaire, notre monarchie constitutionnelle, notre parlementarisme ; sa bourgeoisie s’est faite à l’image de la nôtre. Comme chez nous le parti prétendu libéral est devenu le parti de la réaction, et ce sont les cléricaux qui réclament le suffrage universel. Depuis sa séparation d’avec la Hollande, la Belgique, qui devait prendre l’essor, est tombée en décadence. Est-ce le fait de la séparation ? Non, c’est le fait du système. La dette de la Belgique est d’environ 700 millions. D’où lui vient cette dette ? De son régime