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cette matière, juge qu’une armée de six cent mille hommes sur le papier n’en représente qu’une de quatre cent mille sous les armes, et que, pour une grande monarchie comme la France, ce n’est pas assez. M. Berryer, moins belliqueux que M. Thiers, arrive par grand effort à demander une réduction de cinquante mille hommes, = 50 millions. Mais voici M. Jules Favre, le soi-disant républicain, qui demande d’un coup trois déclarations de guerre, une pour le Danemark, une pour la Pologne, une pour l’Italie. Si la politique de M. Favre était suivie, les quatre cent mille hommes de M. Thiers seraient au-dessous de leur tâche ; il en faudrait cinq cent mille, = 100 millions à ajouter au budget. Par bonheur, le Gouvernement impérial est en ce moment pour la paix européenne : nous l’échappons belle.

Sauf la diversité des évaluations, tout cela est d’une logique irréfutable. Avec le système d’autorité et de concentration à l’intérieur, nous avons, au dehors, la politique d’intervention, d’influence, de prépotence et de gloire : l’un est le pendant et le corollaire de l’autre. Sans une garnison permanente de deux cent cinquante mille hommes, l’Unité française se briserait, en morceaux ; sans une armée toujours prête à marcher de cent cinquante mille hommes, donnant crédit à nos conseils, personne ne s’occuperait de nous, et il se pourrait que la plus grande et la plus glorieuse des nations ne pesât pas plus dans les conseils de la Providence que le Montenegro ou les îles Ioniennes.

Quant à moi, qui me soucie aussi peu de donner des conseils que d’imposer des lois, qui n’aspire à influencer personne, et dont la seule ambition serait de donner aux