Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si je me suis permis, à propos du budget, de toucher cette question excessivement délicate de l’indemnité, on va voir que ce n’est nullement par l’effet d’une intention malicieuse, mais bien pour donner un point de départ à ma démonstration. Que me suis-je proposé de prouver, en effet, dans ce chapitre ? Que toute réforme budgétaire, réclamée par le Pays, d’une exécution facile, j’ose le dire, dans le système de mutualité et de fédération, est absolument incompatible dans le système auquel s’est inféodée l’Opposition. Or, c’est ce que nous allons toucher du doigt. Si tel est en effet pour le député assermenté, bien que titré d’opposition légale, le respect de son propre traitement, pourrait-il manquer d’égards pour le traitement auquel on a donné le nom incompréhensible pour moi de liste civile ? Oserait-il proposer à ce sujet la moindre réduction ? Ce serait une injure au Prince, une sorte de crime de lèse-majesté. M. Thiers, l’homme de toutes les indiscrétions, parce qu’il a le talent de tout dire, n’a pas osé en parler. D’ailleurs la dignité d’un si grand État, le prestige de cette belle unité française, s’y opposent. Car telle est la grandeur du pouvoir confié au Prince ; telle doit être sa magnificence.

Même raisonnement à l’égard des princes et princesses, de MM. les Sénateurs, de MM. les Maréchaux anoblis, de Messeigneurs les cardinaux, de MM. les ministres, etc. En régime unitaire, ce sont articles privilégiés, dépenses de majesté, qui se votent sans discussion.

Voici donc tout un chapitre du budget, et l’un des plus considérables, celui des Dotations, auquel il est interdit au député de l’Opposition, qu’il soit ou non fidèle, in petto,