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je ne trouve rien à dire en sa faveur : elle ne se prête pas à la liberté, à l’égalité, à l’économie. Le député a pour mission principale d’examiner, discuter et voter l’impôt : de ce mandat résulte pour lui la nécessité d’apprécier la politique du Pouvoir et de juger ses actes. Nous allons le voir tourner comme un cheval aveugle dans son manège.

Supposons que, sans s’inquiéter davantage du serment, la Démocratie travailleuse, dont nous connaissons suffisamment les principes tant politiques qu’économiques, envoie au Corps législatif un député qui la représente réellement : le devoir de ce député serait des plus simples et n’exigerait pas de frais d’éloquence. Il dirait à la Chambre une fois pour toutes :

« Nous sommes intimement convaincus, mes commettants et moi, que votre système politique, par suite votre système fiscal, repose sur une conception erronée, sur une base fausse. Pris dans son ensemble et ses détails, votre budget est en contradiction avec les principes les plus certains de l’économie politique.

« La première condition d’un système financier régulièrement établi est que le budget des dépenses, partant celui des recettes, au lieu de s’accroître indéfiniment, oscille, selon les situations et la nature des affaires, entre 5 et 10 pour 100 du produit national ; que dans les circonstances les plus malheureuses il ne dépasse pas 10 pour 100 (la dîme, la fameuse dîme), et qu’il se tienne le plus près possible de 5 pour 100 (le vingtième). De la sorte il n’y aura jamais d’emprunts, à plus forte raison jamais de dette ni flottante ni consolidée. Or, vous avez si bien fait par votre politique, renouvelée de l’ancien régime