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législatif, je ne crois pas qu’il y en ait quatre de race parisienne. Quant à l’opinion de ces représentants, que l’on suppose très-gratuitement être l’opinion de la ville de Paris, quel cas pouvons-nous en faire ? Qui me dira l’opinion de Paris ? Est-ce celle des 153,000 électeurs de l’Opposition ? Comment alors ont-ils nommé des sujets aussi disparates que MM. Thiers, Guéroult, Havin, J. Favre, E. Ollivier, J. Simon, Garnier-Pagès, Darimon, Pelletan ? Et que deviennent, d’un côté les 82,000 voix données au Gouvernement, d’autre part les 90,000 qui se sont abstenues ?… Que dire des 400,000 âmes qui sur le total de 1,700,000 habitants ne sont pas représentées ? Est-ce par les jour-naux que nous connaîtrons l’opinion parisienne ? Mais ils se contredisent comme les représentants, et pour qui a vu de près ces diverses officines, toute considération tombe à l’instant. Paris est un monde : cela veut dire qu’il n’y faut plus chercher ni une individualité, ni une foi, ni une opinion, ni une volonté ; c’est une pluralité de forces, de pensées, d’éléments, en agitation chaotique. Paris, considéré comme ville libre, commune indépendante, individualité collective, originalité, a vécu. Pour qu’il redevînt quelque chose, il faudrait qu’il recommençât, avec conscience et résolution, un mouvement en sens inverse ; qu’il déposât, avec sa couronne murale, sa couronne de ville capitale, et arborât le drapeau de la fédération. Si tel est le signal qu’a entendu donner M. Picard, en revendiquant au nom de la ville de Paris le rétablissement des libertés municipales, à la bonne heure. On peut applaudir à ses efforts. Dans le cas contraire, M. Picard s’est complétement fourvoyé, et M. Billaut avait raison de lui dire que