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qui fait, selon eux, notre gloire, et que les nations, assurent-ils, nous envient. Du haut de leur suffisance académique, ils traitent d’exagérés les écrivains qui, soucieux de la logique et de l’histoire, fidèles aux pures notions du droit et de la liberté, ne croient point aux résurrections politiques, et, fatigués d’éclectisme, veulent s’affranchir une bonne fois des jongleries doctrinaires.

M. Édouard Laboulaye est un de ces génies ramollis, fort capable de saisir la vérité et de la montrer aux autres, mais pour qui la sagesse consiste à écourter les principes au moyen de conciliations impossibles ; qui ne demandent pas mieux que d’imposer des limites à l’État, mais à condition qu’on leur permette d’en imposer aussi à la liberté ; qui seraient heureux de rogner les ongles au premier, pourvu que l’on coupât les ailes à la seconde, dont la raison, enfin, tremblante devant toute synthèse large et forte, se plaît à barboter dans l’amphigouri. M. Laboulaye, que la Démocratie a failli nommer, à la place de M. Thiers, son représentant, fait partie d’un groupe d’hommes qui, tout en revendiquant contre l’autocratie impériale les soi-disant garanties de Juillet, se sont donné pour mission de réfuter les aspirations du socialisme et du fédéralisme. C’est lui qui a écrit cette belle pensée, que j’ai eu un moment l’idée de prendre pour épigraphe : « Quand la vie politique est concentrée dans une tribune, le pays se coupe en deux, Opposition et Gouvernement. » Eh bien ! que M. Laboulaye et ses amis, si zélés pour les franchises municipales, daignent répondre à une question, à une seule.

La commune est par essence, comme l’homme, comme