suffrage universel et direct, ou le suffrage universel et direct serait absurde.
Ne parlons donc pas de vénalité et de corruption sous l’empire du suffrage universel : la logique ne le permet pas, et le respect du peuple aussi bien que de l’institution le défend. Ce serait un crime de lèse-majesté. Dire, d’un côté, que le suffrage universel et direct a été établi pour couper court à toute entreprise de corruption électorale ; convenir ensuite, comme l’a fait M. Jules Simon, que le suffrage universel et direct a besoin d’être dirigé, et que le jour où l’Opposition sera au pouvoir, elle ne le laissera certainement pas sans direction ; promettre aux électeurs de prendre en main leurs intérêts, et les punir ensuite d’avoir cru à ces engageantes circulaires ; se contredire à tout propos, et ne pas même se douter que du pluriel à l’universel la conclusion ne vaut pas : tel est depuis un an le spectacle que nous a donné l’Opposition. Et nous, Démocrates socialistes, nous lui eussions apporté nos voix ! Nous eussions choisi pour nos représentants des hommes dont nous connaissions à fond les préjugés politiques ; qui, dans leur dictature électorale, venaient de nous donner un échantillon de leur modestie et de leur respect pour la liberté des suffrages ; qui du deuil de la liberté n’avaient pas craint de se faire un instrument d’usurpation ; qui, par leur serment, avaient trahi la morale républicaine ; qui, par la multiplicité de leurs candidatures, affectaient déjà la Présidence à la République ; qui, dans nos prévisions aujourd’hui trop bien justifiées, ayant à contrôler la conduite du Gouvernement, allaient lui donner gain de cause, sur tous les points, en raisonnant