motif intéressé ; je vous défie de répondre autrement.
Toute la question est donc de faire que les intérêts en vertu desquels se déterminent les électeurs soient ou deviennent des intérêts honnêtes, vertueux, légitimes ; non des intérêts honteux et coupables. Mais, dites-moi, qui est ici le juge de l’intérêt, et qu’appelez-vous intérêt coupable, intérêt légitime ? Quelle différence pouvez-vous faire, dans un cas d’élection violemment disputée, entre l’homme que le département appelle son bienfaiteur, et celui qu’il vous plaît de traiter de corrupteur ? Car si j’admets que vous protestiez contre la corruption, je ne pense pas que votre intention soit de proscrire le bienfait, d’empêcher le dévouement, et d’enseigner aux masses l’ingratitude. Quelle différence donc, je vous en supplie, au point de vue de l’honorabilité politique, entre le candidat qui promet héroïquement de faire déclarer la guerre universelle pour la défense de l’aristocratie polonaise, et celui qui, s’adressant à des sentiments moins chevaleresques, s’engage à soutenir la paix, dans l’intérêt des paysans, des ouvriers, des bourgeois ? Entre celui qui, arborant hautement le drapeau des intérêts matériels, promettra de faire, à la demande de ses commettants directs, creuser un canal, construire un chemin de fer, etc., et celui qui, se plaçant au point de vue plus élevé des intérêts généraux, jurerait de s’opposer à ces constructions, s’il jugeait que l’utilité, publique commande de les reporter dans un autre département ? Entre M. Havin, M. Frédéric Morin, ou tout autre, promettant de soutenir les intérêts de leurs électeurs dans les journaux dont ils disposent, et M. Lévy ou M. Delessert, s’engageant à les servir de leur