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loi du Pays et du Gouvernement. C’est en vue de former cette unité, par une fusion complète, que les anciennes divisions provinciales furent brisées en départements ; — c’est dans le même but que l’ancienne Démocratie, faisant à son insu les affaires de la Couronne, n’a cessé de protester contre l’esprit de clocher ; — c’est animée du même esprit que la Constitution de 1848 a posé cette maxime de droit public, conservée et merveilleusement pratiquée par le Gouvernement impérial : Les représentants du peuple français ne sont pas les représentants de leurs départements respectifs, ils sont les députés de la France entière. C’est enfin dans le même but que MM. de Girardin et Laboulaye, le premier dans la Presse, le second dans ses conférences publiques, réclament l’unité de collège, comme le moyen le plus puissant d’arrêter les élans et d’effacer les divergences du suffrage universel, par là d’annuler l’esprit de localité, et de maintenir, sous une apparence de démocratie marchant à l’union, la subordination politique et économique des masses ouvrières. Qu’est-ce en effet que cette unité de collège, sinon une manière de rendre le suffrage indirect, en faisant voter par grandes masses, au lieu de voter, comme le voulait la Constitution consulaire, par degrés ?

Voyez, en effet, les conséquences.

Sous la république une et indivisible, comme sous la monarchie centralisée, tout citoyen est éligible dans les quatre-vingt-neuf départements ; il peut poser sa candidature, non-seulement dans le département qu’il habite, là où il exerce son industrie, où il a ses propriétés, dont il connaît la population, les affaires et les besoins ; mais