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mots, que la politique de l’Empereur, au dedans et au dehors, est détestable. Tel est le jugement de l’Opposition.

Elle se dit en conséquence, mais tout bas, si bas qu’elle n’entend pas elle-même ses paroles, qu’il faut en finir, si possible, avec un pareil régime ; que la grandeur des motifs couvre suffisamment ce qu’il peut y avoir d’irrégulier dans l’entreprise ; qu’au surplus on n’en veut pas directement à la personne du Prince ni à sa dynastie ; MM. Thiers, Berryer, Marie, J. Favre ne sont pas, à Dieu ne plaise ! des régicides ; qu’on ne combat en Napoléon III qu’un système, une politique, contraires aux droits et aux libertés du Pays, aux grands principes de la Révolution ; et que si, dans l’insurrection des consciences, malheur arrivait à quelqu’un, ce quelqu’un ne pourrait en rapporter la faute qu’à lui-même.

En deux mots, les vieux partis coalisés contre le Gouvernement impérial savent très-bien ce qu’ils font. Ils n’auraient garde de s’embarquer dans une affaire que la morale politique, surtout en cas d’insuccès, ne manquerait pas de qualifier de haute trahison, s’ils ne se sentaient raffermis dans leur for intérieur par la considération d’un intérêt de premier ordre et d’un droit national. Celui qui fait tant que de rompre un serment, ne le fait pas pour rien, sans un prétexte honnête, sans une puissante excuse.

Mais la Démocratie ouvrière, qu’a-t-elle cherché en entrant dans cette coalition bourgeoise ? Qu’en attend-elle pour elle-même ? Quelle part lui sera faite dans ce vieux système qu’il s’agit de restaurer, aussi bien contre les tendances socialistes, que contre l’absolutisme impérial ?